Légion d’Honneur : Soissons ville martyre
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Le 12 février 1920, le Président Raymond Poincaré remettait à la ville de Soissons la croix de chevalier de la Légion d’honneur. Cette distinction visait à reconnaître les souffrances et les sacrifices consentis par notre ville et sa population durant les sombres heures de la Grande Guerre.
Malgré avoir été détruite à près de 80% en 1918, Soissons a démontré une force de caractère inébranlable. Son histoire millénaire témoigne de sa capacité à se relever, fièrement, face à l’adversité.
L’histoire de la légion d’honneur
La Légion d’honneur, instaurée le 20 mai 1802 par Napoléon Bonaparte, demeure la plus haute distinction française et l’une des plus prestigieuses à l’échelle mondiale. Elle est décernée au nom du Chef de l’État pour honorer les citoyens les plus méritants dans tous les domaines. La vision originale de Napoléon était d’honorer à la fois les soldats et les intellectuels, illustrée par sa célèbre citation : “Je veux décorer mes soldats et mes savants“. Bien que la création de la Légion d’honneur ait suscité des débats, notamment en raison de la suppression des distinctions de naissance selon la loi de 1791, Napoléon a réussi à imposer cette institution en argumentant la nécessité de reconnaître le mérite individuel sans pour autant renouer avec les privilèges de l’Ancien Régime.
La Légion d’honneur a été créée après avoir été approuvée par 14 voix contre 10. Son premier grand chancelier, Bernard-Germain de Lacépède, nommé en 1803, était un civil. Le siège de l’ordre et le Musée national de la Légion d’honneur ont été établis dans un palais construit en 1782, où ils se trouvent toujours aujourd’hui. Depuis 1802, l’ordre a été régi par trois textes successifs. En 2017, il y avait plus de 93 000 légionnaires, avec environ 3 500 nouvelles décorations décernées chaque année.
Pourquoi des villes reçoivent la Légion d'honneur ?
Durant l’empire et à travers les guerres, plusieurs villes ont été décorées de la Légion d’honneur en raison de leur conduite. Par exemple, en 1815, Napoléon décide que Châlon-sur-Saône, Tournus et Saint-Jean-de-Losne seront décorées pour leur conduite lors de la campagne de 1814. De même, sept autres villes, dont Saint-Quentin en 1897, ont été honorées pour leur rôle durant la guerre de 1870. La Première Guerre mondiale a entraîné une augmentation importante du nombre de membres de la Légion d’honneur en raison des pertes humaines et des dégâts matériels considérables. Cela a conduit à une reconnaissance nationale pour les souffrances et les destructions subies par les autorités municipales. Il est intéressant de noter que certaines villes, comme Arras, ont reçu à la fois la Croix de guerre* et la Légion d’honneur.
Il y a plus de vingt-et-une villes décorées en raison de la Seconde Guerre Mondiale, ce sont : Abbeville, Amiens, Argentan, Ascq, Beauvais, Boulogne-sur-Mer, Brest, Caen, Calais, Étobon, Évreux, Falaise, Le Havre, Lorient, Lyon, Oradour-sur-Glane, Rouen, Saint-Dié, Saint-Lô, Saint-Malo et Saint-Nazaire.


* La Croix de guerre
La Croix de guerre de la Première Guerre mondiale est une décoration qui a été massivement attribuée, avec plus de deux millions de citations estimées en 1920. Au total, 2952 communes ont été honorées, comparées aux 25 qui ont reçu la Légion d’honneur pour la même période. Habituellement remise aux villes avant ou en même temps que la Légion d’honneur.
Soissons et la légion d’honneur
À Soissons, les premiers retours ont révélé une ville dévastée et dépourvue de ressources. L’aide de l’État était attendue avec urgence pour reconstruire et fournir des logements. Fernand Marquigny, le maire de Soissons, a insisté sur la nécessité d’agir rapidement pour relancer l’économie.
Lors de la visite de Georges Clémenceau, Marquigny a évoqué l’idée de remettre la Légion d’honneur à Soissons en raison des souffrances endurées. Après que Reims, Verdun, Cambrai et Arras aient déjà reçu cette distinction, la demande de Soissons a été renouvelée avec le soutien unanime des politiciens locaux.
Le gouvernement ne pouvait pas ignorer cette demande, d’autant plus que le cénotaphe érigé sur la place de l’Étoile mentionnait les noms des villes martyres, dont Soissons. Le maire et les politiciens locaux ont continué à faire pression pour que la ville reçoive la Légion d’honneur, et finalement, le 31 décembre 1919, le député Desjardins a intercédé auprès du président du Conseil pour appuyer cette demande.

Les récipiendaires

Edmond DESCAMBRES
Né en 1861 à Liancourt (Oise) et décédé à Soissons en 1949, cet individu était un avoué et conseiller municipal de Soissons pendant toute la durée de la guerre. Il soutint Debout dans ses responsabilités lors de son mandat de maire et occupa également les postes de président de la société coopérative de Soissons et de la commission d’évaluation des dommages de guerre. Il joua un rôle crucial dans la reconstruction de la ville après la guerre. En reconnaissance de ses services, il fut décoré de la Légion d’honneur en 1921.
Henri WOIMANT
Né à Soissons en 1880, mort en 1955 à Compiègne. Médecin resté à Soissons pendant les premiers mois de la guerre, il assure avec les docteurs Ferrant et Marcotte le fonctionnement de l’hôpital. Il est ensuite mobilisé comme médecin-major de 2e classe à Compiègne.
Légion d’honneur en 1923.


Georges MUZART
Né à Fismes en 1869, mort à Soissons en 1961. Géomètre à Soissons, conseiller municipal en 1914, il prend la tête d’un groupe de volontaires pour administrer la Ville. Le préfet de l’Aisne le confirme dans cette fonction en le nommant maire. Après la guerre il est notamment président de la chambre des géomètres-experts de l’Aisne. Maire de Soissons en 1942.
Légion d’honneur en 1921.
Louis-Auguste Brunehant
Né le 23 juillet 1852 à Biache-Saint-Vaast ( Pas de calais), mort à Soissons en 1937. Agriculteur et industriel de Pommiers, a été nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1920 et officier en 1930 pour ses contributions à l’agriculture à Soissons. Il a également été maire de Pommiers de 1885 à 1925 et président du comice agricole de Soissons à partir de 1896.


Paul Louis DEVIOLAINE
Né à Soissons en 1869 et décédé en 1954, était conseiller municipal et propriétaire dirigeant de la verrerie de Vauxrot. Engagé dans le 5e dragon en 1914, il est libéré en 1917 pour réactiver son usine, puis se réengage en juin 1918. En 1919, il construit 125 logements ouvriers pour relancer son entreprise.
Il reçoit la Légion d’honneur en 1923.
Jeanne Louise MACHEREZ WATEAU
Née en 1852 à Guise et décédée en 1930 à Soissons, a fondé la Goutte de lait en 1909 pour aider les nourrissons. En 1914, elle devient présidente de l’Association des Dames françaises. Pendant la guerre, elle sert en tant qu’infirmière major dans les hôpitaux temporaires de La Croix et du Collège à Soissons, puis se consacre à des œuvres caritatives. Elle reçoit la Légion d’honneur en 1921.

D’autres personnalités de Soissons, telles que Monsieur Lafargue et Madame Macherez, ont également été récompensées pour leurs actions.